Le Grand Pari(s)

A l’initiative de l’Institut français de Budapest et du ministère de l’Intérieur hongrois, le Centre d’architecture contemporaine FUGA de Budapest accueille jusqu’au 18 avril 2011 l’exposition Le Grand Pari(s), fruit de la consultation internationale lancée en 2008 par le président Nicolas Sarkozy.



Les dix équipes pluridisciplinaires réunies autour d’architectes-urbanistes y livrent autant de scénarios sur l’avenir du Grand Paris, autour de deux grands chantiers : « la métropole du XXIe siècle de l’après-Kyoto » et le « diagnostic prospectif de l’agglomération parisienne », pour tendre vers une métropole plus dense, mixte, connectée, créative, efficace, juste et écologique.


Au-delà de l'image


L'exposition Le Grand Pari(s) se veut didactique mais demeure difficilement lisible pour le grand public, tant l’échelle et la juste complexité des projets défient la représentation visuelle, d'où l'importance accordée aux textes et aux interviews.
C’est d’emblée ce sur quoi a insisté l’architecte François Decoster, co-fondateur de l’agence AUC dirigée par Djamel Klouche, lors de sa conférence du 5 avril 2011 à l’Institut français de Budapest.

La métropole, les métropoles, parce qu’elles sont le résultat de sédimentations spatiales, sociales et économiques polymorphes et contradictoires, sont irreprésentables. Et comme telles elles échappent à tout modèle d’intervention préconçu : « la métropole de demain » existe déjà à 90%, bon an mal an, avec ses quartiers, ses infrastructures de transport, ses rythmes et ses déséquilibres propres.

Or il n’est plus question de poursuivre les politiques d’extension mais au contraire de reconstruire la ville sur la ville : friches industrielles, tissus urbains lâches, banlieues sont riches de potentialités.


Stimuler, recycler l'existant


Paris « stimulé », c’est ce que l’agence AUC prône modestement mais avec réalisme : un urbanisme de la transformation, du recyclage, du raccommodage, visant la polyfonctionnalité de chaque quartier (habitat, commerces et services, lieux de culture et de détente) autour d'espaces publics revalorisés et en sauvegardant, ou plus exactement en assumant l'héritage de chaque site. 
Des interventions au cas par cas, réfléchies grâce à la contribution d’historiens et de sociologues, mais qui doivent néanmoins être pensées dans une logique d’ensemble, celle de la « ville connectée » – là réside précisément le grand pari, celui de la gouvernance, dans un contexte d’émiettement administratif où les communes prennent leurs propres décisions d’urbanisme.


Une géographie de la traversée


François Decoster a particulièrement insisté sur la question des transports, problématique essentielle du phénomène urbain. Tout l’enjeu est d’opérer un changement culturel : revaloriser le trajet, la traversée des espaces, la pérégrination plutôt que promouvoir à tout prix la rapidité d’accès d’un point A à un point B ; repenser les gares, à l’origine conçues comme des monolithes en totale rupture avec le tissu urbain, à la manière d’espaces publics rassembleurs, riches d’activités, spatialement intégrés, et naturellement connectés aux autres transports publics ; enfin irriguer le plus possible les quartiers nouvellement desservis par le métro grâce à une offre de transports en commun souple et ramifiée.

Citons à ce titre un exemple de réseau de transport en commun parmi les plus efficaces au monde : celui de Budapest, parfois surnommée... le petit Paris.

Centre d'architecture FUGA, Petőfi Sándor u. 5, 1052 Budapest